The Rolling Stones - Live
05/07/03
Stade Vélodrome
Marseille, France

 

Set List:


Brown Sugar
Start Me Up
You Got Me Rocking
Don't Stop
Wild Horses
You Can't Always Get What You Want
Midnight Rambler
Tumbling Dice
Slipping Away
Before They Make Me Run
Sympathy For The Devil
I Just Want To Make Love To You (B-Stage)
Like A Rolling Stone (B-Stage)
Street Fighting Man (B-Stage)
Gimme Shelter
It's Only Rock'n Roll
Honky Tonk Women
Satisfaction
Jumpin' Jack Flash

 

 

Chaud comme Marseille

 

 

Samedi dernier, 5 juillet 2003, je fêtais l'acquisition de mon BAC de la plus belle des manières, en allant au concert des Rolling Stones au stade vélodrome de Marseille…
Après une longue attente devant l'entrée du stade (de 15h à 17h) à guetter le moindre mouvement de foule, nous pûmes entrer - ou plutôt nous ruer - vers la pelouse…
Ce fut le 400 mètres, mais pas pour rien. Nous avons pu nous placer à une distance plus qu'appréciable de la scène (30 mètres environ), bien devant et ainsi prendre un repos bien mérité en attendant la première partie, les Stereophonics. La scène en imposait et on sentait déjà comme une atmosphère s'installer sur le stade qui se remplissait de manière exponentielle jusqu'à être… pratiquement plein ! Et oui, tout ça sonne banal mais un stade plein de monde, pelouse comprise, ça impressionne…
Vers 20h , les Stereophonics arrivent et commencent à jouer, cash, sans demander d'ovation. L'occasion est trop belle pour ces gallois de jouer devant un public énorme et ils ne traînent pas à causer entre les morceaux pour en jouer le plus possible. Un cd sampler de leurs morceaux a été distribué dans le public. Pour ma part, je ne connaissais que 2 chansons, le set était agréable, on retiendra surtout l'extraordinaire batteur, dans la grande lignée des batteurs de tuerie, après Dave Grohl donc , Stuart Cable s'il vous plait.
Le groupe ayant pris un virage gros son sur son dernier album, le set se conclura par une succession de ruades rock 'n' roll du plus bel effet. On en gardera un bon souvenir même si on aurait préféré, comme les ricains, avoir droit aux White Stripes.


S'ensuit une ola qui parcours tout le stade , défoulant un peu les esprits fébriles à l'idée de voir enfin les Stones.


Vers 11h, à la tombée de la nuit, la scène commence à bouger, les projos s'allument, et distraient notre attention… and out come the Stones !!


Ils nous prennent par surprise ou quoi ?


Brown Sugar, joué a toco, Mick déboule et commence à danser frénétiquement (il ne s'arrêtera que 2h et demie plus tard), tandis que les autres assurent le fondement musical. Keith attire pas mal les regard aussi, connaît-on plus mythique personnage ? Toutes les breloques bizarres attachées à son costume sont comme des clins d'œil au lourd passé du guitariste. Les menottes à son poignet gauche rappellent qu'il a eu des problèmes avec les flics (jamais avec les drogues, avec les flics seulement !). On dirait un vieux pirate, usé, revenu de tout, éméché mais heureux d'être là quand même. Il grillera clope sur clope tout le long du spectacle avec l'air de s'en foutre complètement, tout comme Ron Wood, mais on ne s'en plaindra pas. Le public bien entendu est en hystérie totale, et reprend les "yeah, yeah ,yeah ouuh !" de la fin du morceau avec un enthousiasme non feint.

Sans transition, Star Me Up est joué. Les Stones donnent un peu l'impression de vouloir se débarrasser de ce standard pas si génial que ça ; après la chanson , les choses sérieuses commencent.
Mick tombe la veste et laisse apparaître un très classe débardeur…

 

Mick prend une minute pour causer un peu "Bonsoir Marseille, ça faisait très longtemps, 13 ans ici !".


Titre suivant : You Got Me Rocking, chanson récente (94) impeccablement exécutée, tandis qu'un écran géant démesuré se met en place tout seul au dessus de la scène, remplaçant les petits écrans pouraves sur les cotés qui fonctionnaient pendant Stereophonics. Keith semble dans son monde, il fait son show à part, mais Mick est incontestablement celui qui attire tous les regards. Puisque ça ferait chier tout le monde qu'on déclare que quelqu'un de 60 balais puisse être le meilleur chanteur du monde, alors accordons lui le titre de meilleur danseur du monde. Michael Jackson peut aller se rhabiller. Mick Jagger, quoi qu'on en dise, connait son métier, et le fait bien. Il n'est pas si éloigné de Marilyn Manson quand on y pense...

Les Stones tiennent à jouer Don't Stop, comme à chaque date de cette tournée des 40 coups de langues, histoire de prouver qu'ils peuvent encore composer. La chanson est un peu trop radio-micale à mon goût, on retiendra surtout la caméra au bout du manche de la guitare de Ron Wood, qui permettra de s'apercevoir que l'homme joue ses solos clope à la main… "On va un petit peu ralentir le tempo" annonce Mick.

C'est Wild Horses, qui remplace Angie, jouée pour les espagnols. Les briquets s'allument. C'est un peu dommage, ça fait concert de variété, mais bon…

Arrive You Can't Always Get What You Want, chanté en chœur super faux par un public déchaîné. Mick s'enflamme et fait mine de marcher sur l'avancée que tout le monde brûle de les voir parcourir pour arriver à la petite scène au milieu de la pelouse. Cette fois c'est sur, le public est chaud, le groupe est chaud, le stade est chaud..

Le groupe se risque à exécuter une version homérique de Midnight Rambler, proche des 10 minutes ! Mick dégaine l'harmonica et surprend tout le monde : il en joue fichtrement bien. Merci Monsieur Beck Hansen pour avoir remis à la mode ce noble instrument.

S'ensuit Thumbling Dice, qui fait honneur aux choristes, puis le groupe fait une pause. Mick se couvre du chapeau qui suscitait des interrogations dans le public depuis qu'un roadie l'avait posé dans le coin… C'est pour présenter le groupe. Avant tout, les cuivres (dont le saxophoniste Bobby Keyes, compagnon de défonce et de déconne de Keith durant les Roaring 70's), les chœurs, le claviériste barbu, les guitaristes additionnels, dont on serait curieux de savoir ce qu'il ont joué dans ce qu'on a entendu ce soir-là ; et enfin le groupe même (Mick ne se présente pas) : dans l'ordre : Ron Wood, qui reçoit une ovation monstrueuse du public d'au moins 1 minute ; Charlie Watts , ovation encore plus massive, l'homme se lève et esquisse enfin un sourire (son expression depuis le début du concert était une invariable moue de bûcheron), ça fait d'autant plus plaisir qu'on sait qu'il aime pas le rock'n'roll (il doit aimer jouer de la batterie par-dessus tout).

Tiens, c'est bizarre, Charlie Watts arrive toujours en dernier d'habitude, pourquoi Keith est dernier ?

Parce qu'il va chanter deux chansons.

Moment important.

L'ovation du public est carrément hystérique, tandis que l'autre Glimmer Twin rentre en coulisses pour se refaire une beauté. Keith chante d'abord Slipping Away. Emouvant , réellement. Il se contente de serrer sa guitare contre lui, sans jouer , mais on lui pardonne car il chante merveilleusement bien.

Puis vient Before They Make Me Run, mieux chanté que l'original, totalement bluffant. Parait que ce mec est ravagé par la drogue. Au vu de ce que j'ai entendu le 5 Juin 2003 à ce moment là , je peux dire c'est encore une connerie de plus. Le vieux corsaire a la larme à l'œil, c'était un peu le supplément d'âme à un concert qui aurait pu paraître trop calculé.

Le spectacle reprend en quelque sorte ses droits dès le morceau suivant : Sympathy For The Devil. Les tam-tams retentissent et nous voilà plongés dans l'obscurité… Mick revient, vêtu d'une longue veste rouge vif qui clignote dans la nuit grâce à un accessoire très disco. Petit regret, on entend absolument pas le piano sur cette version.

Surprise générale, à chaque fois que Mick lance "Pleased To Meet You…", des gerbes de flammes surgissent du toit de la scène , et on sent la chaleur ! Impressionnant.

 

Et ouais, c'est aussi ça , les Rolling Stones, beaucoup de tape-à-l'œil, mais du moment que la chanson est bien jouée, pas de problème…

Et c'est le cas.

Le public se charge des "ouh ouh" bien entendu.

Quel bonheur, un stade de foot qui fait "ouh ouh", c'est quand même mieux que "allez l'OM"!

Enfin, les Stones empruntent l'avancée et se rendent sur la petite scène, où sont miraculeusement apparus batterie, pieds de micros et tout le matos. Je peux dire que je les ai vus à 3 mètres, et que c'est touchant à quel point Charlie Watts est le seul à pas faire semblant d'être aussi excité que le public. Bon, on se doute bien qu'ils ont l'habitude… Mick et Ronnie font leur petite révérence, Keith perd sa clope en serrant des mains…

Sur la petite scène, les Stones jouent I Just Want To Make Love To You, ancestrale reprise d'Etta James (plus vieux que Satisfaction, et ouais ça existe) enchaînée à Like A Rolling Stone, reprise de Bob Dylan, sur laquelle Mick se fend d'un deuxième solo d'harmonica.

Street Fighting Man est légèrement entachée par des problèmes de micro, et le groupe rejoint la scène principale aussitôt après.

A partir de là , le concert devient carrément chaud comme la braise.

Le groupe lance Gimme Shelter, morceau formidable sur scène, fougueux, bestial. La belle choriste noire nommée Melissa (si mes souvenirs sont bons) vole presque la vedette à Mick sur le refrain, tant sa voix est impressionnante. Elle rejoint le grand Jagger devant le public pour un petit numéro de danse très apprécié (Mick la tripote un peu, that's entertainment…)

Sans laisser retomber la température, ils enchaînent sur It's Only Rock'n'Roll. Les guitaristes font leur petit numéro, semblent faire un concours du jeter de clope le plus original tout en jouant.

Au tour de Honky Tonk Women, toutes guitares dehors, accompagné d'un petit dessin animé un peu érotique (une fille en string entame un combat avec la fameuse lapping tongue d'Andy Warhol et finit par se faire avaler tout cru)



 

On approche de la fin, Mick nous lance "bougez un peu vos fesses"… Keith change de guitare pour un superbe modèle rose et gris métal.

Quelque chose se prépare… Satisfaction !! Lorsque Keith joue les 5 notes fatidiques, des milliers de confettis rouges jaillissent de la scène alors que la foule est en folie. Tout le monde saute, crie , chante, hurle , pleure en même temps. Prévisible. La voix de Mick se fait plus incisive que jamais, et le groupe donne tout avant de se retirer sous les cris du stade.

Bon, à ce moment là, il manque Jumping Jack Flash, et tout le monde sait qu'il y aura un rappel.

En effet, quand les lumières se rallument, Keith est au devant de la scène sur un pied et lance les premiers riffs de ce standard inusable.

C'est vraiment la fin, et le groupe salue le public, 2 minutes d'ovation finale, que Charlie Watts passe à essayer de remonter la fermeture éclair de son gilet. Le naturel de ce type est incroyable. De la même façon, il ne teint pas ses cheveux pourtant blancs comme la neige… On peut dire que Mick sait tenir un public et a dirigé en bon frontman le show de ce soir-là…


La soirée se clôt par un joli feu d'artifice. Quand à la très casse-burnes question "Les Stones doivent-ils s'arrêter ?", voilà un stade vélodrome qui ne se la pose plus depuis ce soir-là. DR